DÉFINIR LA DOULEUR
La douleur est une expérience subjective à la fois sensorielle et émotionnelle désagréable.
“Sensorielle” signifie que l’on peut préciser les caractéristiques de la douleur : sa localisation ? à quoi la comparer ? son intensité ? son évolution dans le temps ?
“Émotionnelle” signifie que, par nature, la douleur étant désagréable, elle peut être plus ou moins supportable, pénible, angoissante.
La douleur est un phénomène subjectif et individuel, ce qui la rend difficile à communiquer. En effet, pour les autres, pour votre entourage, il n’y a pas de preuve formelle de votre douleur et de son intensité, comme pour la fatigue ou la bonne humeur.
La douleur fonctionne comme un signal d’alarme. Son principal rôle est de protéger l’organisme. Sans elle, nous ne prendrions pas conscience qu’il existe une lésion “physique” (par exemple une fracture). Elle nous incite à faire attention à la zone lésée, à prendre conscience du danger (par exemple, une brûlure provoque une réaction immédiate de retrait pour stopper la lésion), et à demander des soins.
Lorsque la douleur persiste, elle peut aussi se mettre “en mémoire”. C’est ainsi que, dans une situation risquant de provoquer une douleur déjà vécue, la réaction spontanée, irréfléchie, sera de l’éviter. Un enfant ayant un souvenir douloureux d’une piqûre par exemple, criera par anticipation, dès la vue d’une “blouse blanche”.
La douleur est subjective, mais pourtant bien réelle.
DOULEURS AIGUËS, DOULEURS CHRONIQUES
Prenons par exemple, une brûlure à la main : dans la zone lésée, il y a libération locale de substances qui vont provoquer l’excitation de terminaisons nerveuses “spécialisées” ; ces terminaisons envoient un signal d’alarme au cerveau : “Danger ! Alarme !” Il s’agit là d’une douleur aiguë.
Il existe aussi des douleurs qui s’installent, durent, se répètent. Ces douleurs-là n’ont pas de caractère protecteur bénéfique ; elles sont inutiles, invalidantes même. Il s’agit alors de douleurs chroniques.
DIFFÉRENCES ENTRE DOULEUR AIGUË ET DOULEUR PERSISTANTE REBELLE
La douleur peut persister, même si la cause initiale a disparu.
Elle est alors considérée comme une maladie à part entière.
La persistance de la douleur a des conséquences physiques, psychologiques et entraîne des modifications, qui vont participer à la douleur : c’est la douleur-maladie.
COMPARAISON ENTRE DOULEUR AIGUË (RÉCENTE) ET DOULEUR-MALADIE (CHRONIQUE)
DOULEUR AIGUË | DOULEUR MALADIE |
Courte durée | Persistante |
Cause unique | Facteurs multiples |
Utile | Inutile |
Signal d’alarme | Fausse alarme |
Auto-réparation | Auto-entretien |
Si une douleur persiste plusieurs mois, ses conséquences peuvent devenir plus importantes que celles liées à la cause initiale.
L’analyse des événements qui ont déclenché la douleur et de ceux qui en sont la conséquence donne une clé pour en comprendre la persistance.
La douleur persistante est entretenue par de multiples facteurs.
La prise en compte simultanée de toutes les facettes d’une douleur (physiques, psychologiques, familiales, sociales) permet de désamorcer les divers cercles vicieux responsables de sa persistance.
Identifiez tous les facteurs d’entretien du cercle vicieux de votre douleur.
LE CONTRÔLE DE LA DOULEUR
Il existe de nombreux relais dans la moelle épinière, dans le cerveau, où s’effectuent des modulations de la transmission des sensations de douleur par des mécanismes de contrôles : certains ont des effets facilitateurs (on perçoit plus) ; d’autres sont inhibiteurs (on perçoit moins).
L’apparition ainsi que le niveau d’intensité d’une douleur dépendent du déséquilibre de ces effets facilitateurs ou inhibiteurs.
Il existe diverses substances naturelles pour lutter contre la douleur, notamment les endorphines qui possèdent une action puissante semblable à celle de la morphine. On sait par ailleurs, depuis longtemps, qu’une douleur peut être inhibée par diverses manœuvres : un massage, une pression, et que lorsque deux douleurs surviennent simultanément, la plus violente inhibe la plus faible.
La signification donnée à une douleur intervient pour beaucoup dans les différences individuelles. L’incertitude, l’absence d’explication sur une douleur peuvent faire craindre une cause grave, et augmenter la douleur.
Le rôle des contrôles inhibiteurs de la douleur est important à retenir, car ils sont à la base du traitement de la douleur.
Ces contrôles inhibiteurs sont sous la dépendance de plusieurs influences :
- la condition physique ;
- l’attention ;
- l’angoisse, la peur d’avoir mal, la peur du lendemain, le stress.
DE NOMBREUX FACTEURS SONT SUSCEPTIBLES D’INFLUENCER LA DOULEUR
AUGMENTENT LA DOULEUR | DIMINUENT LA DOULEUR |
Fatigue | Repos |
Tristesse | Gaieté |
Désespoir | Espoir |
Dépression | Plaisir |
Démoralisation | Bon moral |
Cafard | Joie |
Pessimiste | Optimiste |
Tension | Relaxation |
Nervosité | Calme |
Colère | Bon caractère |
Peur | Réassurance |
Incertitude | Explications |
Anxiété | Sécurité |
Penser à la douleur | Oublier la douleur |
Inquiétude | Tranquillité |
Désœuvrement | Occupations |
Isolement | Contacts humain |
Insomnie | Sommeil réparateur |
Soucis | Vie paisible |
Mauvaise forme physique | Bonne condition physique |
Dr Marie-Josée Thévenot - CETD (Centre d'étude et de Traitement de la Douleur), Hôpital Saint-Antoine, Paris
† Dr François Boureau - CETD (Centre d'étude et de Traitement de la Douleur), Hôpital Saint-Antoine, Paris